En Suède, le bilinguisme est une réalité quotidienne. L’anglais, omniprésent dans les médias, les jeux vidéo, la recherche et le travail, est enseigné dès les premières années de l’école obligatoire. Mais lorsque cette langue passe du statut de matière scolaire à celui de langue principale d’enseignement, le débat s’enflamme.
En Suède, les langues sont plus qu’un simple outil de communication : elles incarnent à la fois l’identité nationale et l’ouverture internationale. Dans les salles de classe, deux idiomes se croisent chaque jour le suédois et l’anglais et façonnent l’avenir des jeunes générations.
Le suédois, pilier de la cohésion
Langue maternelle de la majorité des élèves, le suédois reste au cœur du système scolaire. Mais pour de nombreux enfants issus de l’immigration, il s’agit d’une langue seconde apprise à l’école (svenska som andraspråk). L’État suédois a récemment renforcé les dispositifs pour que tous les élèves, quelle que soit leur origine, puissent maîtriser le suédois à un haut niveau.
Car ici, la langue nationale n’est pas seulement un moyen d’accès au savoir : elle est le ciment de la vie citoyenne, l’outil de participation démocratique et culturelle.
L’anglais, passeport pour l’avenir
L’anglais, enseigné dès les premières années du primaire, est partout : dans les manuels, dans les jeux vidéo, sur les plateformes numériques que fréquentent les adolescents. L’école s’appuie sur cet environnement anglophone quotidien, mais doit aussi structurer l’apprentissage.
Les compétences orales sont mises en avant : savoir débattre, convaincre, présenter. L’anglais n’est pas qu’une langue étrangère : il est perçu comme un atout professionnel incontournable et comme une clé pour s’insérer dans un monde globalisé.
L’avertissement de la Ministre de l’ Éducation Simona Mohamsson
La ministre de l’Éducation, Simona Mohamsson, a récemment tiré la sonnette d’alarme : la multiplication des écoles privées ou internationales où l’enseignement se fait en anglais fragilise la langue suédoise.
« L’école suédoise doit transmettre un suédois solide, c’est un devoir civique », a-t-elle rappelé. Selon elle, si les élèves apprennent les mathématiques, les sciences ou l’histoire en anglais, ils risquent de développer un vocabulaire académique insuffisant en suédois avec des conséquences sur leur capacité d’écrire, d’argumenter ou de participer à la vie démocratique.
Des inspections inquiétantes
Les craintes du ministère ne reposent pas que sur des principes. Une enquête de Skolinspektionen, l’autorité de contrôle des écoles, a montré que 27 écoles sur 30 proposant un enseignement en anglais présentaient des manquements sérieux. Les enseignants, parfois peu qualifiés en pédagogie suédoise, ne garantissaient ni un bon niveau d’anglais, ni un maintien suffisant du suédois.
Un équilibre difficile
Le paradoxe est clair :
- D’un côté, l’anglais est un atout pour l’avenir, indispensable dans une économie globalisée et pour des carrières internationales.
- De l’autre, le suédois est la langue de la citoyenneté, de la culture et de l’intégration. L’affaiblir, c’est risquer de creuser un fossé linguistique et identitaire dans la société.
Vers une réforme ?
La ministre propose plusieurs pistes :
- Renforcer les exigences de qualification pour les enseignants, afin qu’ils maîtrisent parfaitement le suédois et les méthodes pédagogiques nationales.
- Limiter les cursus entièrement anglophones, pour que l’enseignement des matières fondamentales continue à s’ancrer dans la langue nationale.
- Développer des programmes intensifs en suédois pour les élèves allophones, afin d’éviter que ces derniers ne soient doublement pénalisés : peu de suédois solide, et un anglais encore en construction.
L’anglais, passeport pour l’avenir
L’anglais, enseigné dès les premières années du primaire, est partout : dans les manuels, dans les jeux vidéo, sur les plateformes numériques que fréquentent les adolescents. L’école s’appuie sur cet environnement anglophone quotidien, mais doit aussi structurer l’apprentissage.
Les compétences orales sont mises en avant : savoir débattre, convaincre, présenter. L’anglais n’est pas qu’une langue étrangère : il est perçu comme un atout professionnel incontournable et comme une clé pour s’insérer dans un monde globalisé.
Un équilibre délicat
Pourtant, l’omniprésence de l’anglais soulève des questions. Certaines universités proposent des cursus presque entièrement en anglais, mais des études montrent que cela peut nuire aux résultats scolaires, notamment pour les étudiants dont la maîtrise de l’anglais n’est pas parfaite.
À l’autre extrême, des voix s’élèvent pour rappeler qu’une société qui néglige son propre idiome s’expose à un appauvrissement culturel. Trouver le juste équilibre entre identité nationale et ouverture internationale devient un véritable défi politique et pédagogique.
Un débat identitaire
Derrière ce débat scolaire se joue aussi une question culturelle : jusqu’où la Suède doit-elle s’angliciser pour rester compétitive ? Et que devient une nation si sa langue recule dans ses propres écoles ?
Les réponses sont loin d’être tranchées. Mais une chose est certaine : dans ce pays qui a longtemps été vu comme un modèle éducatif, la bataille entre le suédois, langue de l’identité, et l’anglais, langue de la mondialisation, ne fait que commencer