L’ancien président de la République démocratique du Congo, Joseph Kabila, a été reconnu coupable de trahison, de crimes de guerre et de complot par une haute cour militaire à Kinshasa, mardi.

Jugé par contumace depuis juillet, le verdict historique l’a condamné à la peine de mort pour sa collaboration présumée avec le groupe rebelle M23, soutenu par le Rwanda.
La Haute Cour militaire a ainsi établi que M. Kabila était coupable de trahison, de crimes de guerre (incluant homicide intentionnel, meurtre, viol et torture), de complot et d’organisation d’une insurrection armée avec le M23. En plus de la peine capitale, le tribunal a ordonné à l’ancien chef d’État de verser d’importants dommages et intérêts, totalisant environ 33 milliards de dollars à la RDC et aux provinces du Nord-Kivu et du Sud-Kivu.
Le tribunal a également émis un mandat d’arrêt immédiat à l’encontre de M. Kabila, dont le lieu de résidence actuel reste inconnu.
Un procès par contumace et des accusations de collaboration
Le gouvernement congolais a accusé Joseph Kabila d’avoir activement collaboré avec le Rwanda et le M23, un groupe rebelle qui a intensifié ses offensives et pris le contrôle de villes stratégiques dans l’est du pays, riche en minerais, plus tôt dans l’année. Les procureurs ont notamment présenté le témoignage d’Éric Nkuba, un ancien chef d’état-major du leader rebelle emprisonné Corneille Nangaa, selon lequel M. Kabila communiquait régulièrement avec M. Nangaa pour discuter des moyens de renverser l’administration du président actuel, Félix Tshisekedi.
Joseph Kabila, qui avait vu son immunité parlementaire de sénateur à vie levée en mai, a toujours nié ces allégations, qualifiant la procédure judiciaire d’« instrument d’oppression » et de manœuvre politique.
Réactions et implications politiques
La décision de justice a immédiatement suscité des réactions contrastées.
Le secrétaire permanent du Parti du peuple pour la reconstruction et la démocratie (PPRD) de Kabila, Emmanuel Ramazani Shadary, a dénoncé un verdict qu’il juge « politique et injuste », affirmant que le régime actuel cherche à « éliminer, à neutraliser, un acteur politique majeur ».
À l’inverse, l’avocat représentant les provinces du Nord-Kivu et du Sud-Kivu, Richard Bondo, s’est dit « satisfait » de la décision, y voyant une victoire de la justice rendue au nom du peuple congolais.
Cette condamnation, la première à frapper un ancien chef d’État congolais, est considérée comme un tournant politique majeur. Elle intervient dans un contexte de crise humanitaire aggravée par la reprise des combats dans l’est de la RDC, où l’intensification du conflit a causé environ 3 000 décès et déplacé près de 7 millions de personnes.
Joseph Kabila a dirigé la RDC de 2001 à 2019, après l’assassinat de son père. Son retour en RDC en avril dernier, dans la ville de Goma contrôlée par le M23, avait déjà soulevé de vives inquiétudes à Kinshasa quant à ses intentions politiques.


