La scène politique camerounaise est en pleine effervescence. L’annonce de la candidature d’Issa Tchiroma Bakary, ancien ministre et figure de la majorité présidentielle, a créé un véritable séisme, mais c’est sa désignation récente comme « candidat consensuel » par une coalition de partis de l’opposition qui attire tous les regards. Cette stratégie d’union, bien que saluée par certains, met en lumière les profondes divisions qui persistent au sein des forces d’alternance.
Un candidat « consensuel » pour l’Union pour le Changement
Le 13 septembre 2025, une alliance de plusieurs partis et personnalités politiques a annoncé la désignation d’Issa Tchiroma comme leur candidat unique pour affronter le parti au pouvoir. Cette initiative, baptisée l’Union pour le Changement en 2025, a pour ambition d’offrir une alternative crédible à l’électorat en présentant un front uni. Tchiroma, qui a justifié sa démission du gouvernement par un désir de « rupture », se positionne désormais comme l’homme de la transition. Pour ses partisans, sa connaissance du système et sa base électorale solide en font le candidat idéal pour fédérer l’opposition.
Des divisions persistantes au sein de l’opposition
Malgré la volonté de consensus affichée, cette désignation est loin de faire l’unanimité. De nombreux poids lourds de l’opposition se sont désolidarisés de cette démarche. Des figures politiques majeures, dont Maurice Kamto, Cabral Libii et Joshua Osih, ont réaffirmé leur intention de maintenir leur propre candidature, contestant la légitimité du « consensus » atteint par l’Union pour le Changement. Cette fragmentation, un mal récurrent de l’opposition camerounaise, pourrait une fois de plus nuire à ses chances de victoire face à un candidat unique et à l’appareil d’État du RDPC.
L’atout populaire et l’ancrage régional
Sur le terrain, la candidature de Tchiroma semble trouver un écho. Les meetings qu’il a tenus ont attiré des foules considérables, un indicateur de sa capacité à mobiliser l’électorat. Son principal atout réside dans son ancrage au Grand Nord (régions de l’Extrême-Nord, du Nord et de l’Adamaoua), dont il est originaire. Si le terme de « conquête » est excessif, il jouit incontestablement d’une forte popularité dans cette région, un facteur qui pourrait jouer un rôle déterminant dans le scrutin. Cependant, il est important de noter que même dans le Grand Nord, sa popularité n’est pas exclusive, car d’autres partis y maintiennent une présence significative.
La candidature d’Issa Tchiroma injecte une dynamique nouvelle et incertaine dans la course à la présidentielle. Son succès dépendra de sa capacité à transformer le soutien populaire en votes effectifs et à convaincre les Camerounais qu’il est l’homme de la rupture, tout en gérant les rivalités internes de l’opposition. Le combat pour la présidence semble plus ouvert que jamais.