À Yaoundé, le président Paul Biya prête serment ce jeudi 6 novembre 2025 pour un huitième mandat à la tête du Cameroun. À 92 ans, il reste l’un des dirigeants les plus anciens du monde encore en exercice.
Dans l’hémicycle de l’Assemblée nationale, les applaudissements résonnent alors qu’il jure de « remplir loyalement les devoirs de chef de l’État » et de « promouvoir l’unité nationale ». Autour de lui, les membres du gouvernement, les représentants diplomatiques et les invités étrangers saluent la continuité d’un règne commencé en 1982.
Un pays partagé entre célébration et silence
Alors que la capitale vit au rythme de la cérémonie officielle, une autre partie du pays se fige.
Dans le Nord, l’Ouest, ainsi que dans certaines zones du Littoral et du Centre, les rues sont désertes. Les commerces restent fermés et les transports sont quasi inexistants.

Ces régions répondent à l’appel du candidat Issa Tchiroma, qui conteste toujours les résultats du scrutin présidentiel et affirme que la victoire lui a été volée. Il appelle la population à trois jours de “ville morte”, en hommage aux victimes des manifestations post-électorales.
Entre continuité et fracture
Dans son discours, Paul Biya promet de préserver la paix et de renforcer l’unité nationale, œuvrer pour un Cameroun prospère, tout en déclarant qu’il mesure pleinement la situation que traverse son pays. Il a dit mesurer la profondeur des frustrations et l’ampleur des attentes du peuple. Il a également dit mesurer l’importance des responsabilités qui vont être celles du Président de la République . Il défend la poursuite de son programme des “grandes opportunités”, centré sur la stabilité, l’emploi et les infrastructures. Paul Biya a promis de rester fidèle aux idéaux qui l’ont guidé depuis son accession à la magistrature.
Mais sur le terrain, le Cameroun avance à deux vitesses. Pour ses partisans, Biya reste le pilier de la stabilité et de la cohésion nationale. Pour ses opposants, il incarne un système verrouillé, incapable de répondre aux aspirations d’une jeunesse qui réclame changement et transparence.
Un règne hors du temps
Le président Paul Biya s’accroche à la tête du Cameroun alors que son huitième mandat débute aujourd’hui, après plus de quatre décennies au pouvoir. À 92 ans, il est officiellement le plus vieux chef d’État en exercice au monde.

Source : JAE
Il promet aujourd’hui de restaurer la paix dans un pays en proie à plusieurs conflits prolongés : la crise dans les régions anglophones du Nord-Ouest et du Sud-Ouest se poursuit, elle fait des centaines de morts parmi les civils et implique tant les séparatistes que les forces armées.
Parallèlement, le Littoral, le Centre, ainsi que le Nord revendiquent leur propre voie : dans ces zones, le candidat Issa Tchiroma‑Bakary affirme que la victoire lui a été « volée » et appelle à des « villes mortes » en signe de protestation. Ces appels trouvent un écho dans un pays où la majorité de la population est jeune plus de 70 % ont moins de 35 ans.
Les jeunes ne sont pas dupes : beaucoup d’entre eux n’ont connu qu’un seul président, et l’état des infrastructures, la corruption et le chômage galopant ne jouent pas en faveur du bilan. Le taux de chômage chez les jeunes dépasse 30 % dans certains groupes, l’emploi précaire affecte jusqu’à 70 % des jeunes, tandis que la pauvreté et l’inégalité restent graves.
Le pays est pris entre fidélité à un dirigeant historique, lassitude face à un immobilisme qui se prolonge le « bas peuple » pleure et un espoir de renouveau portés par une jeunesse qui réclame le changement pendant que « le champagne coule dans les bureaux et les familles aisées ».


