Pendant des siècles, le catholicisme en Suède a été relégué au silence, éclipsé par la Réforme et la prédominance du luthéranisme. Pourtant, malgré cette marginalisation historique, l’Église catholique connaît aujourd’hui un renouveau surprenant, nourri par l’immigration et un intérêt croissant des jeunes Suédois.
Une histoire longue et complexe
La christianisation de la Suède fut un processus lent et pacifique. Entre les premières missions d’Ansgar à Birka vers 829 et l’accession du moine d’Alvastra Stefan comme archevêque d’Uppsala en 1164, le catholicisme s’installe durablement dans le pays.

Avant cette transition, la Suède était profondément ancrée dans les croyances nordiques : rites, sacrifices et dévotion à des divinités comme Odin et Thor structuraient la vie communautaire.
Pendant plus de 350 ans, la Suède fut un pays catholique. Des figures comme Sainte Brigitte de Suède illustrent l’importance de ce patrimoine spirituel, tandis que les Suédois participaient même à des croisades régionales pour christianiser la Finlande et les États baltes.

Mais la Réforme, adoptée au XVIᵉ siècle sous Gustave Vasa, marginalisa progressivement la foi catholique, laissant les catholiques historiques vivre dans une forme d’exil intérieur pendant plusieurs générations.
Un renouveau porté par l’immigration
Depuis les années 1960, l’Église catholique en Suède a commencé à retrouver sa vigueur, d’abord grâce à l’immigration venue de pays catholiques : Italie, Pologne, Vietnam, Chili et, plus récemment, Moyen-Orient et Amérique latine.
Entre 2010 et 2020, plus de 19 400 membres ont rejoint l’Église catholique selon le diocèse de Stockholm. Aujourd’hui, on estime que 140 000 personnes en Suède sont baptisées catholiques, dont une majorité d’immigrants et une part significative de jeunes convertis.

Joel Halldorf, professeur d’histoire de l’Église, note un changement d’attitude parmi les jeunes Suédois, qui voient dans la foi catholique une communauté dynamique, ouverte et multiculturelle. Cette nouvelle génération, consciente de l’histoire et des racines catholiques du pays, participe activement à la vie des paroisses et à la transmission des traditions.

Une Église active et intégrée
Les catholiques suédois sont concentrés principalement dans les grandes villes : Stockholm, Göteborg et Malmö.
- Dans ces régions métropolitaines, la moitié de l’activité catholique (mesurée par la fréquentation des églises, les communions ou les collectes) se déroule.
- Les paroisses accueillent des communautés multilingues et multiculturelles, permettant aux immigrants de s’intégrer tout en préservant leur identité religieuse.
Les églises et bâtiments religieux bénéficient également de soutiens matériels et financiers provenant de communautés étrangères, permettant des rénovations et de nouvelles installations. L’Église joue un rôle social et culturel, organisant des événements, des cours de langue et des activités pour les jeunes.

Vers un avenir prometteur
La croissance actuelle de l’Église catholique suédoise ne se limite pas aux immigrés : elle attire également des convertis et des jeunes redécouvrant la foi, souvent issus de milieux culturels influents. Le cardinal suédois Anders Arborelius symbolise ce renouveau, incarnant à la fois tradition et modernité.
Aujourd’hui, l’Église catholique en Suède est la plus grande église libre du pays, démontrant que la foi peut renaître malgré des siècles de marginalisation.
Dans un pays multiculturel et pluraliste, elle offre un espace de spiritualité, de tolérance et de dialogue, rappelant la profondeur historique et la richesse culturelle du catholicisme suédois.Sources : Diocèse de Stockholm, Magnus Nyman – L’histoire des perdants, Vatican News, Nordic Catholic Archives


