Après 25 ans de négociations, l’Accord de Partenariat Global entre l’Union européenne et les pays du Mercosur (Brésil, Argentine, Paraguay et Uruguay) est au bord de l’échec, principalement en raison de l’opposition persistante de la France.
Si cet accord était ratifié, il créerait la plus grande zone de libre-échange au monde, rassemblant plus de 700 millions de consommateurs, et offrirait un meilleur accès des entreprises européennes à un marché sud-américain de près de 300 millions de clients potentiels.
Les craintes agricoles françaises
Le blocage est largement alimenté par la frustration des agriculteurs français, inquiets d’une concurrence déloyale, notamment sur les importations de viande et de sucre. Cette inquiétude est renforcée par la pression politique des partis de droite, dont le Rassemblement national, plaçant le président Emmanuel Macron sous tension.
« La situation est explosive depuis des mois », souligne Arnaud Rousseau, président de la FNSEA, la principale fédération agricole française (Le Monde).
Les tentatives de médiation de la Commission européenne
La Commission européenne a proposé de nouvelles mesures de protection pour rassurer les États membres inquiets. Ces « clauses de sauvegarde » permettent de réintroduire des droits de douane si les importations sud-américaines nuisent gravement à la production nationale.
Malgré ces concessions, le Premier ministre français, Sébastien Lecornu, souhaite reporter le vote final, jugeant les mesures insuffisantes pour protéger l’agriculture européenne (Financial Times).
Enjeux stratégiques pour l’UE
L’échec de l’accord risquerait de laisser un vide commercial que d’autres pays pourraient exploiter, avertit le ministre danois des Affaires étrangères, Lars Løkke Rasmussen. L’UE chercherait ainsi à sécuriser des partenaires commerciaux stables pour ses matières premières essentielles, dans un contexte de montée du protectionnisme international.
La présidente de la Commission, Ursula von der Leyen, prévoit de se rendre au Brésil ce samedi pour tenter de finaliser l’accord.
Le rôle clé de l’Italie
Pour être ratifié, l’accord doit obtenir une majorité qualifiée au Conseil européen. Outre la France, des pays comme la Pologne, la Hongrie et l’Autriche s’opposent à l’accord, tandis que l’Allemagne, l’Espagne et les pays nordiques sont favorables.
L’Italie, deuxième exportateur de l’UE vers le Mercosur, pourrait jouer un rôle décisif. Sa position reste floue, malgré des inquiétudes concernant ses agriculteurs. Selon certaines rumeurs (Reuters), un report du vote pourrait être négocié entre la France et l’Italie.
Sommet sous haute tension
Un sommet de l’UE est prévu ce jeudi à Bruxelles. Des milliers d’agriculteurs sont attendus pour manifester contre l’accord, tandis que des négociations d’urgence se tiennent entre députés européens et États membres dès mercredi.


