La Finlande, régulièrement désignée comme le pays le plus heureux du monde, fait face à un défi structurel majeur pour préserver la qualité de son bien-être (Welfare) national. Un rapport commandé par le gouvernement recommande de réduire de moitié le nombre de ses régions de services sociaux (zones de bien-être), jugées trop nombreuses et financièrement insoutenables.
Un Système à Bout de Souffle
L’évaluation intermédiaire, publiée mercredi et menée par un groupe d’experts dirigé par Marina Erhola, ancienne secrétaire permanente adjointe au ministère des Affaires sociales et de la Santé, met en lumière les faiblesses du modèle actuel.
Le rapport, dont les conclusions ont été rapportées par l’Helsinki Times, indique clairement que le système à 21 comtés de services sociaux mis en place en 2023 est à la fois inefficace sur le plan administratif et financièrement insoutenable. Trois régions (Itä-Uusimaa, la Finlande centrale et la Laponie) sont d’ailleurs déjà placées sous surveillance financière renforcée par le ministère des Finances.
La Recommandation Choc : Réduire à 6-11 Régions
Les chercheurs impliqués dans le rapport estiment que la taille actuelle de la plupart des régions est trop petite pour garantir des services complets et une gestion financière durable.
Le Seuil de Durabilité : Seules quatre régions dépassent le seuil de 500 000 habitantsjugé minimum par les experts.
La Proposition : Le rapport propose de réduire le nombre de régions autonomes à un nombre compris entre 6 et 11, citant les normes internationales et la taille de la population comme critères d’efficacité.
Un Débat Politique Réactivé
La pérennité du bien-être est une préoccupation majeure des Finlandais, souvent citée comme l’une des clés de leur bonheur national. Le Premier ministre Petteri Orpo a jugé la recommandation « justifiée » et a souligné que le rapport offrait une base solide pour le débat politique. Cela marque un retour à la question de la taille idéale des régions, son parti ayant initialement soutenu un modèle à cinq régions avant le compromis de 2023.
Proposition Rejetée et Réseau Hospitalier
Le rapport a réintroduit une proposition controversée : accorder aux régions de services sociaux le droit de percevoir des impôts pour assurer leur autonomie financière. Cette idée a été immédiatement rejetée par la ministre des Collectivités locales et régionales, Anna-Kaisa Ikonen, qui craint un alourdissement de la pression fiscale et une réduction de la transparence.
Le groupe d’experts propose également de relancer une proposition antérieurement rejetée de réorganisation du réseau hospitalier pour maintenir les cinq hôpitaux universitaires et consolider les services spécialisés dans un nombre limité d’hôpitaux centraux.
L’enjeu est clair : sans changements structurels majeurs, le rapport avertit que le système actuel conduira à des fusions improvisées et à un développement anarchique des services sociaux avant les élections législatives de 2027.


