Le 30 octobre 2025, le parlement de Lettonie a voté un texte décidant de se retirer de la convention du Conseil de l’Europe relative à la prévention et la lutte contre les violences faites aux femmes et la violence domestique (la convention dite “d’Istanbul”).
La Turquie avait déjà été le premier pays à déclencher son retrait en 2021.

La convention d’Istanbul :
- Adoptée par le Conseil de l’Europe en 2011, elle est entrée en vigueur en 2014.
- Elle vise à définir la violence contre les femmes comme une violation des droits humains, à renforcer la prévention, la protection et la poursuite des auteurs, et à promouvoir l’égalité entre les femmes et les hommes.
- À ce jour, la majorité des États membres de l’UE l’ont signée ou ratifiée, mais certains pays sont restés hésitants.
Pourquoi Lettonie ?
Plusieurs éléments expliquent le choix de la Lettonie :
- Le texte rappelle que la convention est entrée en vigueur pour la Lettonie le 1er mai 2024.
- Le 25 septembre 2025, un projet de retrait a été déposé, soutenu notamment par des partis d’opposition et un partenaire de la coalition gouvernementale, la Union des verts et agriculteurs (ZZS).
- Les opposants au traité critiquent notamment ce qu’ils appellent “l’idéologie du genre”, ou que les définitions de la convention dépassent la notion de sexe biologique. Par exemple :
« Should we go crazy just because Europe is going crazy? … Today I ask you the same question. » - Le gouvernement, à l’inverse, a alerté sur les conséquences d’un retrait :
« This would be a devastating blow to Latvia’s standing in the European Union, as well as internationally. » - Une enquête sociologique montre que moins d’un tiers de la population lettone soutient le retrait : 31 % en faveur, 49 % opposés, selon Berg Research.
Le vote et ce qui s’ensuit
- Le 24 octobre, le parlement (Saeima) a approuvé le retrait en première lecture par 52 voix.
- Le 30 octobre, le vote final a eu lieu : 56 députés sur 100 en faveur du retrait.
- Après ce vote, le texte doit être promulgué par le président et les étapes légales doivent être complétées pour que le retrait devienne effectif.
- L’Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe (OSCE) s’est exprimée pour condamner cette décision, soulignant qu’elle représenterait un recul grave pour les droits des femmes.
- Symbolique forte : Si le retrait devient effectif, la Lettonie deviendrait le premier pays membre de l’UE à se retirer de cette convention.
- Pour les victimes : Les organisations de soutien aux victimes alertent que la convention offrait un cadre juridique et institutionnel renforcé, et qu’un retrait pourrait affaiblir les mécanismes de protection.
- Influence européenne : Certains craignent que cette décision n’encourage d’autres pays à envisager un retrait ou une non‑ratification, fragilisant ainsi la dynamique européenne en matière de lutte contre les violences faites aux femmes.
- Politique intérieure : Le retrait cristallise des clivages au sein de la coalition gouvernementale, entre conservateurs et libéraux, et pourrait avoir des conséquences sur la stabilité politique dans le pays.
Le précédent turc
- La Turquie avait annoncé son retrait en 2021, invoquant que son droit national était suffisant et critiquant certaines définitions de la convention.
- Ce précédent est évoqué en Lettonie comme un avertissement sur les effets négatifs pour la réputation internationale d’un pays qui se retire d’un traité majeur de droits humains.
À surveiller
- Le calendrier légal : le retrait n’est pas encore totalement effectif tant que toutes les étapes de dénonciation ne sont pas finalisées.
- Les mécanismes de soutien aux victimes dans le pays : comment la Lettonie va‑t‑elle garantir, au niveau national, les mêmes standards que la convention imposait ?
- Les réactions de l’UE et des institutions internationales : pourraient‑elles engager des démarches de suivi ou de pression diplomatique ?
- L’effet domino : si d’autres États suivent ce chemin, la réaction collective européenne pourrait être en jeu.



