Le Cameroun traverse une crise post-électorale sans précédent depuis l’annonce de la réélection du président Paul Biya, au pouvoir depuis 1982.
Les résultats, officiellement attribués à Biya, ont déclenché des manifestations massives à travers tout le territoire, majoritairement conduites par des jeunes camerounais mécontents de la situation politique, économique et sociale du pays.

Des manifestations réprimées dans le sang
Des manifestants pacifiques ont été confrontés à une répression violente des Forces de maintien de l’ordre (FMO).
Des tirs à balles réelles ont été signalés dans plusieurs villes, causant plusieurs morts et de nombreux blessés.
À Douala, Yaoundé et Garoua, des habitants décrivent des scènes de chaos urbain : barricades incendiées, routes bloquées et affrontements avec les forces de sécurité.
Selon des témoins, la population jeune, au chômage élevé et confrontée à la pauvreté et à la faim, a en partie répondu par des pillage de boutiques et commerces, situation aggravée par le sentiment de frustration et d’injustice.
Institutions publiques et commerces en flamme
Dans certaines villes, la colère des manifestants a conduit à :
- Destruction et incendie d’institutions publiques, notamment des mairies, tribunaux et bureaux administratifs.
- Pillage de commerces et boutiques, aggravant une situation déjà tendue par la pauvreté et le chômage.
Les habitants expliquent que ces actes reflètent un mélange de colère politique et de frustration socio-économique : la population veut exprimer son rejet de la victoire de Biya, tout en cherchant à survivre dans un contexte de privations.
Menaces et intimidations du gouvernement
Le ministre de l’Administration territoriale, Paul Atanga Nji, a pris une position ferme face aux protestations :
Il a appelé la population à Psuivre sa vie tranquillement , tout en menacant directement les manifestants, journalistes, influenceurs et médias qui remettraient en question la victoire de Paul Biya.
Les déclarations d’Atanga Nji ont renforcé l’inquiétude des citoyens et exacerbé la tension dans un climat déjà explosif.
L’opposition ne reconnaît pas les résultats
Issa Tchiroma Bakary, principal opposant, refuse de reconnaître la réélection de Biya ,Il a déclaré vouloir « libérer le Cameroun, peu importe les moyens », dénonçant ce qu’il qualifie de fraude massive et d’injustice institutionnelle.

Dans un discours très tendu, il a ajouté :
« Tuez-moi si vous voulez… mais je ne renoncerai jamais à la lutte pour la liberté du peuple camerounais. »
Ces propos ont galvanisé certains manifestants et contribué à la mobilisation massive des jeunes dans les rues.
La crise électorale s’inscrit dans un contexte plus large
Pendant des décennies, le peuple camerounais a été réputé pour sa patience et sa résilience.
La population camerounaise est majoritairement jeune, avec un taux de chômage élevé. Le taux de pauvreté au Cameroun est d’environ 37,7 %, selon l’enquête de 2021-2022, ce qui signifie que près de quatre Camerounais sur dix vivent sous le seuil de pauvreté.
Mais aujourd’hui, ce peuple autrefois calme et docile montre un nouveau visage : déterminé, courageux et prêt à défier l’autorité, refusant de continuer à subir sans réagir.
Cette situation de pauvreté élevée et stagnante, combinée à d’autres problèmes tels que le manque d’emplois et les pénuries d’infrastructures, alimente un mécontentement croissant face au régime politique actuel.
Pour comprendre la colère de la génération Z camerounaise il faut comprendre certaines réalités socio-économiques :
La réélection de Paul Biya à la présidence du Cameroun suscite une colère massive parmi les citoyens.
Les raisons principales sont multiples :
- Une présidence très longue : Biya est vu comme un président hors du temps, déconnecté des problèmes du peuple et responsable d’un système politique marqué par la corruption institutionnalisée et les citoyens réclament un véritable renouvellement politique.
- Crise économique et sociale : pauvreté, chômage élevé, faim et manque d’accès aux services publics alimentent le mécontentement. La jeunesse, majoritaire dans le pays, est particulièrement touchée.
- Conflits internes et mauvaise gouvernance : les régions anglophones connaissent des violences régulières et se sentent abandonnées par l’État, tandis que la corruption et la mauvaise gestion accentuent la frustration.
- Doute sur la légitimité des élections : l’opposition et une partie de la population dénoncent des fraudes et irrégularités dans le processus électoral.
Face à ces facteurs combinés, une grande partie du peuple camerounais ne reconnaît pas la victoire de Paul Biya et exprime son rejet à travers des manifestations dans tout le pays.


