Le début de la saison hivernale 2025 s’annonce particulièrement difficile pour de nombreuses stations de ski du sud et de l’est de la Norvège. Un hiver exceptionnellement doux et pluvieux perturbe l’ouverture des domaines, fragilise l’économie locale et relance le débat sur l’avenir du ski dans un contexte de réchauffement climatique.
Un hiver hors normes dans le sud et l’est du pays
Début décembre, Oslo a enregistré l’une des nuits les plus douces jamais observées à cette période, avec des températures ne descendant pas sous les 8 °C. Cette douceur inhabituelle s’est accompagnée de précipitations majoritairement pluvieuses, empêchant l’installation durable d’un manteau neigeux et compliquant la production de neige artificielle.
Selon l’organisation professionnelle Norwegian Alpine Resorts and Mountain Destinations, ce début de saison figure parmi les plus complexes de ces dernières décennies dans les régions méridionales. « La situation met en évidence la vulnérabilité du secteur lorsque les températures hivernales ne se matérialisent pas », a déclaré sa secrétaire générale, Camilla Sylling Clausen.
Des stations contraintes à des ouvertures partielles
Les conséquences sont immédiates pour les stations situées à moyenne et basse altitude. Plusieurs exploitants ont dû retarder leur ouverture ou se limiter à quelques pistes pour débutants. À Hallingskarvet, par exemple, seule une partie réduite du domaine est accessible, bien loin de l’offre habituellement proposée en période de forte affluence.
Ces restrictions pèsent lourdement sur la rentabilité des stations locales, dont le modèle économique repose sur une fréquentation élevée durant les vacances de Noël. Hébergements, restaurants et emplois saisonniers subissent également les effets en cascade de cette ouverture incomplète.
La neige artificielle face à ses limites
Longtemps considérée comme une solution de sécurité, la neige de culture montre aujourd’hui ses limites. Sa production nécessite des températures négatives et une faible humidité, des conditions rarement réunies lors d’épisodes prolongés de douceur et de pluie. Dans ce contexte, les coûts énergétiques et hydriques augmentent, tandis que l’efficacité des installations diminue.
Les grandes stations, mieux capitalisées, parviennent encore à investir dans des équipements performants ou dans le stockage de neige. Pour les plus petites structures, ces investissements représentent toutefois un risque financier difficilement soutenable.
Un contraste marqué avec les régions de montagne et le nord
La situation reste cependant contrastée à l’échelle nationale. Les stations de haute altitude comme Hemsedal, Trysil, Hafjell ou Oppdal ont bénéficié de températures négatives et de chutes de neige suffisantes pour ouvrir une part significative de leur domaine. Plus au nord, dans les régions de Troms et du Finnmark, l’hiver s’est installé de manière plus stable, avec des températures oscillant autour de –5 °C.
Ce contraste géographique souligne l’importance croissante de l’altitude et de la latitude dans la résilience des stations face aux évolutions climatiques.
Une tendance climatique confirmée par les scientifiques
L’Institut météorologique norvégien rappelle que la température moyenne du mois de décembre a augmenté d’environ 1,7 °C entre les périodes de référence 1961–1990 et 1991–2020. Les épisodes doux et pluvieux en période hivernale sont devenus plus fréquents, réduisant la probabilité d’un enneigement durable dans les plaines du sud et de l’est, où vit la majorité de la population.
Si la variabilité météorologique demeure, les chercheurs s’accordent sur une tendance de fond liée au changement climatique, qui pose des défis structurels au modèle traditionnel des stations de ski.
Quel avenir pour le ski norvégien ?
Face à cette réalité, les exploitants et les autorités locales explorent plusieurs pistes : diversification vers des activités touristiques quatre saisons, modernisation ciblée des infrastructures, ou encore réflexion sur la reconversion progressive de certains sites les plus exposés.
À court terme, les régions de montagne et le nord du pays continuent d’attirer les amateurs de sports d’hiver. À moyen et long terme, la question de la viabilité économique et environnementale des stations de basse altitude s’impose comme un enjeu central pour le tourisme norvégien.


