À trois semaines de la présidentielle du 25 octobre 2025, la Côte d’Ivoire vit une montée des tensions politiques. Alors que le président sortant Alassane Ouattara brigue un quatrième mandat controversé, l’opposition multiplie les contestations… mais celles-ci se heurtent à des restrictions strictes.
Des manifestations interdites pour « préserver l’ordre public »
Le Conseil national de sécurité (CNS), réuni début octobre, a décidé d’interdire toutes les marches et meetings qui visent à contester les décisions du Conseil constitutionnel. Cette interdiction concerne notamment les mobilisations prévues par le « Front commun » formé par le PPA-CI de Laurent Gbagbo et le PDCI de Tidjane Thiam, deux figures majeures écartées de la course.
Le gouvernement justifie sa décision par la volonté de « préserver la paix sociale » dans un contexte électoral sensible. Pour garantir la sécurité du scrutin, environ 44 000 agents des forces de défense et de sécurité seront mobilisés dans tout le pays, du 4 octobre au 4 novembre.
Mais pour l’opposition, cette mesure est un signe clair de réduction des libertés démocratiques. Plusieurs dirigeants politiques dénoncent une « instrumentalisation des institutions » pour museler la contestation et verrouiller le jeu électoral.
Blé Goudé se range derrière Simone Gbagbo
Dans ce climat tendu, un événement politique est venu bouleverser la dynamique de l’opposition. Le 4 octobre, le Congrès panafricain pour la justice et l’égalité des peuples (COJEP) de Charles Blé Goudé a officialisé son soutien à Simone Ehivet Gbagbo.
Ex-chef des Jeunes Patriotes et ancien ministre, Blé Goudé reste une figure marquante, même s’il est lui-même inéligible. Son parti a voté à plus de 75 % en faveur d’un ralliement à l’ancienne Première dame, préférée à d’autres candidats comme Ahoua Don Mello.
Pour Simone Gbagbo, cette alliance est une bouffée d’oxygène politique : elle lui permet de rallier une partie de la jeunesse militante et d’apparaître comme la candidate de rassemblement d’une opposition affaiblie par les exclusions.
Une campagne sous haute tension
Entre l’interdiction de manifester et les recompositions stratégiques de l’opposition, la campagne électorale ivoirienne s’annonce particulièrement délicate. Les appels au calme se multiplient, notamment du côté de l’Église catholique et d’organisations de la société civile, qui exhortent les acteurs politiques à éviter les discours de haine.
Mais dans les rues d’Abidjan, les avis sont partagés : certains habitants disent se sentir rassurés par le dispositif sécuritaire, quand d’autres y voient une militarisation excessive de l’espace public.
Alors que l’opposition tente de se réorganiser autour de Simone Gbagbo et de nouvelles alliances, le président Ouattara reste le grand favori du scrutin, porté par l’appareil d’État et la disqualification de ses principaux rivaux.
La présidentielle ivoirienne, prévue le 25 octobre, apparaît ainsi comme un test démocratique crucial, dans un climat mêlant défiance, incertitude et mobilisation.


