Le Cameroun tient ce dimanche son élection présidentielle, lors de laquelle le président sortant Paul Biya, au pouvoir depuis 43 ans, entend décrocher un nouveau mandat de sept ans.
À 92 ans, il demeure l’un des dirigeants en exercice les plus âgés au monde. Mais le scrutin s’annonce loin d’être tranquille : des tensions fortes et des accusations multiples de fraudes jalonnent le déroulement des élections sur la scène nationale et internationale.
L’élection se déroule en un seul tour. Le candidat avec le plus de voix sera déclaré vainqueur.
Le principal opposant, Maurice Kamto, a été exclu de la course par l’organe électoral (ELECAM), décision confirmée par le Conseil constitutionnel. Cette exclusion suscite beaucoup de critiques quant à l’équité du processus électoral. Issa Tchiroma, l’adversaire inattendu semble être l’espoir du peuple qui dit avoir soif de libération.
Le nombre d’électeurs inscrits est d’environ 8 millions pour ce scrutin, avec plus de 31 000 bureaux de vote répartis à travers le pays.
Les accusations de fraude : déclarations et zones d’ombre
Plusieurs acteurs politiques et de la société civile avancent des allégations fortes, qui risquent de ternir la légitimité du scrutin si elles ne sont pas clarifiées.
Usage suspect des cartes nationales d’identité et des enregistrements électoraux
Maurice Kamto accuse ELECAM, la police nationale (DGSN) et le parti au pouvoir (CPDM) de délivrer de fausses cartes d’identité nationales ou de faciliter l’inscription sur les listes électorales de personnes étrangères ou non qualifiées.
Il affirme que certains activistes politiques du CPDM détiennent ces cartes jusqu’au jour du vote afin d’en disposer à des fins frauduleuses. Allégations de redistribution des cartes d’électeur non réclamées
Un fonctionnaire interne d’ELECAM, selon le média Cameroon Concord, a affirmé qu’il existe des consignes pour remettre aux “élites locales” du CPDM les cartes d’électeurs qui n’ont pas été retirées par leur titulaire, afin qu’elles soient utilisées par procuration dans divers bureaux de vote.
Invocation de bureaux de vote “semi-fictifs” et manipulation des résultats locaux
Cabral Libii, candidat du PCRN, a dénoncé un système de fraude sophistiqué impliquant des bureaux de vote éloignés ou fictifs, dans lesquels votes et résultats seraient manipulés : intimidation, corruption des agents des bureaux, altération des procès-verbaux, etc. Il estime que des milliers de bureaux pourraient être concernés, produisant des centaines de milliers voire des millions de votes favorables au parti au pouvoir. Violation du Code électoral concernant la publication des listes électorales
L’opposition reproche à ELECAM de ne pas avoir publié la liste électorale nationale à la date prévue (article 80 du Code électoral), ce qui empêche un contrôle citoyen et renforce le risque de fraudes ou d’erreurs dans les listes.
Les influenceurs et activistes au front contre la fraude
Sur les réseaux sociaux, la journée du 12 octobre 2025 est marquée par une mobilisation exceptionnelle des influenceurs, journalistes citoyens et activistes camerounais, qui dénoncent en direct ce qu’ils qualifient de fraude électorale massive.
Alors que le Cameroun vit une nouvelle journée électorale décisive, la jeunesse camerounaise se montre plus vigilante que jamais. Entre espoir de changement et soupçons persistants de fraude, les réseaux sociaux deviennent le théâtre d’une surveillance citoyenne inédite. Partout dans le pays, des jeunes documentent le déroulement du vote, publient des images, dénoncent les irrégularités et réclament la transparence. Dans les grandes villes comme dans la diaspora, le mot d’ordre est clair : plus question de subir, il faut témoigner. Au-delà des clivages politiques, une génération connectée s’élève pour protéger la voix du peuple et rappeler que le véritable pouvoir appartient aux citoyens.
Des vidéos, photos et témoignages affluent depuis les quatre coins du pays, certains montrant des bulletins pré-cochés, des retards d’ouverture de bureaux de vote, ou encore des urnes non scellées.
Des figures influentes de la société civile camerounaise, telles que Nzui Manto, Valsero, Boris Bertol, Paul Chouta, Edmond Kamguia, Brenda Kamga, Krys Mbarga, ou encore des membres de la diaspora connectés depuis la France, la Belgique ou Dubaï, relayent sans relâche des preuves supposées d’irrégularités.
Le mot-dièse #StopLaFraude s’est imposé sur X (ancien Twitter) et Facebook, rassemblant des milliers de publications, vidéos live et appels à la vigilance citoyenne.
Si certaines images ont déjà été vérifiées comme authentiques, d’autres nécessitent encore une confirmation indépendante. Néanmoins, la dynamique est claire : la jeunesse camerounaise connectée refuse de rester spectatrice et entend faire la lumière sur chaque acte suspect, dans un contexte électoral déjà sous haute tension.


