À Stockholm, une scène de renaissance s’est jouée au sein de l’hôpital Södersjukhuset : un patient ayant perdu ses deux mains il y a plusieurs années peut désormais écrire, manger et reprendre une vie quotidienne grâce à une double greffe exceptionnelle.
Selon Expressen, la transplantation, réalisée il y a trois mois, marque une étape majeure pour la médecine suédoise.
Une attente de plusieurs années pour un donneur compatible
La perte des mains du patient, causée par une grave infection, avait bouleversé son existence. Depuis plus de deux ans, les équipes de Södersjukhuset se tenaient prêtes pour une transplantation, mais celle-ci ne pouvait être réalisée qu’à condition de trouver un donneur parfaitement compatible :
groupe sanguin, anticorps, couleur de peau, morphologie des mains… rien ne devait être laissé au hasard.

L’occasion s’est présentée lorsque qu’un donneur est décédé, permettant d’engager ce qui allait devenir l’une des interventions les plus minutieuses du pays.
Une opération-marathon mobilisant 40 spécialistes
Pendant 19 heures, une équipe d’environ 40 personnes chirurgiens, anesthésistes, infirmiers spécialisés issus de Södersjukhuset et de l’hôpital universitaire Karolinska, a travaillé avec une précision millimétrique pour raccorder os, muscles, vaisseaux et nerfs.
« C’est fantastique de voir comment le patient retrouve progressivement l’usage de ses nouvelles mains », a déclaré Tobias Laurell, directeur des opérations et chirurgien de la main, cité par Expressen.
Trois mois après l’opération, les progrès sont déjà spectaculaires : le patient peut écrire et utiliser des couverts, gestes simples mais fondateurs d’une autonomie retrouvée.
Une rééducation quotidienne et un traitement à vie
La réussite de la greffe ne tient pas seulement à la chirurgie. Elle repose aussi sur un programme intense de réhabilitation où chaque mouvement compte.
Chaque jour, ergothérapeutes et physiothérapeutes travaillent avec le patient pour étirer les articulations, réactiver les muscles et réapprendre les gestes oubliés.
Le résultat final, précisent les médecins, ne pourra être pleinement évalué qu’au bout de plusieurs années.
Helena Genberg, médecin senior au service de transplantation de Karolinska, confie à Expressen :
« Pour ceux d’entre nous qui transplantons habituellement des organes internes, voir ces mains et les progrès du patient est fascinant et très différent. »
Pour éviter le rejet des greffons, un traitement immunosuppresseur devra être poursuivi à vie un impératif pour préserver cette nouvelle chance.

Une greffe rare et hautement symbolique
Il s’agit seulement de la deuxième double greffe de mains en Suède, la première ayant été réalisée en 2020 à l’hôpital universitaire Sahlgrenska de Göteborg.
Cette nouvelle réussite renforce la position de Södersjukhuset comme centre de référence pour la chirurgie de la main dans la région de Stockholm et de Gotland.
Un acte médical, un geste humain
Au-delà de la prouesse technique, cette greffe représente un moment profondément humain : celui où, grâce à un donneur et au travail acharné de dizaines de soignants, un patient peut à nouveau saisir le monde.
Dans cette histoire de science, de précision et d’espoir, selon Expressen, la médecine suédoise rappelle que l’impossible peut parfois être réparé doigt après doigt, geste après geste.


