À compter de ce lundi 10 novembre 2025, il devient officiellement illégal au Danemark de conduire un véhicule après avoir inhalé du protoxyde d’azote. Ce gaz, souvent utilisé de façon récréative sous le nom de « gaz hilarant », est maintenant classé au même titre que d’autres stupéfiants tels que la cocaïne ou le LSD. Le véhicule, le permis, et la sécurité routière sont au cœur d’une politique de tolérance zéro.
Une politique de tolérance zéro déjà annoncée
Le gouvernement danois avait annoncé dès 2022 une politique de tolérance zéro vis‑à‑vis du protoxyde d’azote à usage récréatif. Selon le média Ritzau (agence danoise de presse), des changements législatifs visaient à interdire l’usage de ce gaz dans les lieux publics et dans un contexte routier.
L’usage croissant de cette substance, notamment parmi les jeunes une enquête de 2019 montrait que 13,5 % des Danemarkois de 15‑25 ans avaient déjà essayé le gaz hilarant.
L’accident mortel qui a fait basculer l’action
Suite à un accident mortel en août, dans lequel un homme de 65 ans a perdu la vie après que le conducteur ait été sous l’influence du gaz, le gouvernement a réagi. Le ministre des Transports, Thomas Danielsen (parti Venstre) a déclaré à la radio publique DR News que le classement du protoxyde d’azote sur la liste des stupéfiants constitue la première étape d’une « fusée à trois étages » visant à renforcer la sécurité routière.
« C’est la première étape. La suivante, c’est que si vous consommez du protoxyde d’azote et que vous êtes complice d’homicide involontaire, cela constitue par définition une conduite sous influence. Et la troisième chose que nous faisons, c’est d’augmenter la peine pour homicide involontaire de 33 %. » — Thomas Danielsen
Nouveau cadre légal : quoi change concrètement ?
- Le protoxyde d’azote est désormais classé comme stupéfiant. La police peut inculper un conducteur pour conduite sous l’influence de stupéfiants si une analyse sanguine révèle la présence du gaz.
- Auparavant, il fallait prouver que le gaz était à l’origine de l’accident ou de l’altération du conducteur : désormais la simple présence dans le sang suffit à déclencher une procédure.
- Selon le Conseil danois de la sécurité routière (dans un communiqué relayé par les autorités), la sanction standard pour conduite sous influence de stupéfiants comprend : retrait inconditionnel du permis pour trois ans, amende, et obligation de suivre un stage de sensibilisation (coût ~3 200 couronnes danoises). En cas de récidive, la peine est renforcée.
- La nouvelle législation prend effet immédiatement, ce jour.
Pourquoi cette mesure ?
- Des études montrent que l’usage récréatif du protoxyde d’azote est en hausse et pose des risques pour la conduite : altération de la vigilance, de la coordination, voire perte de conscience.
- Au Danemark, les contrôles de sang visant à détecter le protoxyde d’azote dans des affaires routières ont commencé à être demandés depuis 2020.
- L’usage de ce gaz pour des « ballons de fête » ou des soirées s’est répandu, notamment parmi les jeunes, créant un souci de santé publique et de sécurité routière.
Impacts et perspectives
- Pour les conducteurs : un changement majeur peu importe que l’accident soit prouvé ou non, la présence du gaz dans le sang suffit désormais à engager une procédure pénale.
- Pour les autorités : un outil supplémentaire pour lutter contre la conduite sous influence. Cependant, les défis techniques restent : à ce jour, il n’existe pas de limite légalement définie pour le niveau de protoxyde d’azote dans le sang au Danemark.
- Pour la société : cette mesure illustre la convergence entre enjeux de santé publique, sécurité routière et contrôle de substances récréatives. Elle soulève aussi la question de la prévention et de la sensibilisation, notamment auprès des jeunes.
L’oxyde nitreux procure une euphorie de courte durée, contrairement à l’alcool par exemple, et est rapidement éliminé de l’organisme. Ce point a été maintes fois souligné comme un problème pour l’obtention de preuves tangibles recevables devant un tribunal.


