Le débat politique s’intensifie en Suède à l’approche des prochaines élections. Le ministre de la Migration, Johan Forssell (Modérés), a déclaré que si Magdalena Andersson, cheffe du Parti social-démocrate, revenait au pouvoir, le pays pourrait revivre une crise migratoire comparable à celle de 2015.
Selon Forssell, cette inquiétude découle d’une décision récente du Parti des Verts (Miljöpartiet), allié potentiel des sociaux-démocrates, qui prône un assouplissement de la politique d’accueil des réfugiés. « Les Verts veulent ouvrir davantage les frontières, et Andersson aura besoin de leur soutien pour gouverner. Cela nous mènerait tout droit vers une nouvelle crise », a affirmé le ministre dans une interview accordée à la presse suédoise.
En 2015, la Suède avait accueilli plus de 160 000 demandeurs d’asile, un afflux massif qui avait mis à rude épreuve les services publics et alimenté les tensions politiques. Sous le mandat de Magdalena Andersson (2021‑2024), la Suède a continué de recevoir un nombre important d’immigrants : en 2022, environ 90 000 nouveaux immigrants sont arrivés dans le pays, représentant près de 20 % de la population totale. Une partie significative provenait de la réunification familiale et des demandes de protection internationale, même si la proportion exacte de réfugiés variait selon les années.
Ces chiffres montrent que la migration reste un enjeu majeur pour la société suédoise. Les critiques reprochent à Andersson de gérer cette question avec une relative légèreté, laissant persister des difficultés d’intégration, des poches de ségrégation et des tensions dans les services publics. Selon ses détracteurs, le manque de politique proactive pour favoriser l’inclusion des nouveaux arrivants pourrait, en cas de forte arrivée de réfugiés, reproduire des situations comparables à celles de 2015.
De son côté, Magdalena Andersson et ses partisans accusent Forssell de jouer sur la peur pour marquer des points politiques. L’ex-Première ministre défend une approche « humaine mais responsable » de la migration, affirmant que la Suède « ne doit jamais renoncer à ses valeurs de solidarité ». Elle souligne également que la politique migratoire sous son mandat a cherché à combiner contrôle et accueil, sans toutefois provoquer de nouveaux afflux massifs comparables à la crise de 2015.
Ce nouvel épisode montre à quel point la question migratoire reste un enjeu central du débat politique suédois, divisant profondément la droite et la gauche à l’aube d’une année électorale décisive. Johan Forssell craint que le retour au pouvoir d’Andersson, alliée à des partis comme les Verts, ne conduise à une ouverture trop importante des frontières et à un afflux migratoire difficile à gérer, ravivant ainsi les tensions qui avaient marqué la Suède il y a près d’une décennie.


