L’African Growth and Opportunity Act (AGOA), principal dispositif commercial liant les États-Unis à l’Afrique subsaharienne depuis 2000, arrive à expiration aujourd’hui.
Alors que des millions d’emplois sur le continent dépendent de cet accord, les regards se tournent vers le Congrès américain, où l’option d’une prolongation d’un à trois ans est désormais la plus probable.
Adopté sous l’administration Clinton, l’AGOA permet à plus de 35 pays africains d’exporter sans droits de douane des milliers de produits — du textile kényan aux vins sud-africains, en passant par les fleurs d’Éthiopie. En 2024, les exportations africaines via l’AGOA représentaient environ 8 milliards de dollars.
« Sans AGOA, c’est toute notre industrie textile qui risque de s’effondrer », alerte Jane Wanjiru, dirigeante d’une association patronale à Nairobi. « Nos usines ne peuvent pas concurrencer sur le marché américain si les tarifs sont rétablis. »
Mais l’administration Trump, revenue à la Maison Blanche, a semé l’incertitude en août en imposant de nouvelles taxes sur une partie des produits jusqu’ici exemptés. Cette décision a été perçue comme un signal contradictoire, alors même que Washington affirme vouloir renforcer ses liens économiques avec l’Afrique face à la montée en puissance de la Chine.
À Pretoria, le ministre sud-africain du Commerce Parks Tau se veut pourtant optimiste : « Nous avons des assurances qu’une extension sera votée. Le Congrès comprend qu’une rupture brutale nuirait autant aux intérêts africains qu’aux entreprises américaines. »
Si une courte prolongation est adoptée, les pays africains espèrent ouvrir la voie à un débat plus large sur la refonte des relations commerciales transatlantiques. Certains, comme le Kenya, plaident pour un accord bilatéral durable qui réduirait leur dépendance à une loi américaine soumise aux aléas politiques.
En attendant, la nervosité gagne les investisseurs et les industriels. « Chaque mois d’incertitude freine les décisions d’investissement », estime un analyste basé à Johannesburg. « L’Afrique a besoin de visibilité sur cinq ou dix ans, pas de reconductions au coup par coup. »
À l’heure où l’AGOA souffle ses 25 bougies, son avenir demeure suspendu entre pragmatisme politique et rivalités géo-économiques. Pour de nombreux travailleurs africains, il en va de bien plus que d’une ligne dans un budget américain : il s’agit de leur gagne-pain quotidien.


