Le Syndicat national des journalistes du Cameroun alertent sur les conditions imposées aux professionnels des médias pour couvrir l’élection présidentielle du 12 octobre.
Dans une note signée le 24 septembre 2025, le Syndicat national des journalistes du Cameroun (SNJC) alerte sur les conditions imposées aux professionnels de l’information pour couvrir l’élection présidentielle du 12 octobre. Selon le syndicat, l’obligation de présenter une carte de presse en cours de validité, de ne pas être sous le coup d’une sanction du Conseil national de la communication (CNC), de démontrer que le média employeur est « autorisé » par l’administration, ainsi que de se soumettre à un double processus d’accréditation (Mincom puis Elecam), « exclut de fait une majorité sinon tous les journalistes et organes de presse indépendants, déjà confrontés à des obstacles administratifs et matériels considérables ».
Ces critiques interviennent après la publication, en septembre, du Guide des bonnes pratiques journalistiques en période électorale par le ministère de la Communication (Mincom). Pour le SNJC, ces dispositions sont difficilement applicables et traduisent une volonté claire d’exclusion. L’organisation rappelle à titre d’illustration que « la dernière session de délivrance de la carte de presse a donné à 6 journalistes, sur 767 organes (radio, télé, presse écrite et cybernétique au Cameroun), le précieux sésame. Même le média public, CRTV, ne pourra donc pas couvrir cette élection présidentielle », constate le mouvement corporatiste.
Le SNJC souligne de fait que la carte de presse reste inaccessible à de nombreux journalistes exerçant pourtant légitimement, et que la menace permanente de sanctions du CNC favorise l’autocensure et compromet l’indépendance des rédactions. « L’accréditation conditionnée par le Mincom et Elections Cameroon ouvre la voie à des pratiques discriminatoires », insiste le syndicat.
Face à ces conditions, le SNJC dénonce une atteinte grave à la liberté de la presse, pourtant garantie par la Constitution et les lois de la République. Le syndicat estime que ces restrictions limitent de manière disproportionnée l’accès des citoyens à une information plurielle, indépendante et équilibrée, au moment même où la transparence est cruciale pour la démocratie.
Il appelle ainsi le gouvernement à revoir sans délai ces mesures, afin d’assurer aux journalistes un accès libre et équitable à la couverture électorale. L’organisation invite par ailleurs les professionnels à couvrir le scrutin dans les lieux où leurs rédactions les enverront en mission, à se munir de la carte de presse du SNJC et d’une lettre de mission délivrée par leurs médias. Elle demande aux patrons de presse de fournir aux reporters une protection officielle de travail, et sollicite le soutien des organisations nationales et internationales de défense de la liberté de la presse pour garantir le respect des droits fondamentaux.
Par Rosine Ntolo