Le Népal est le théâtre des émeutes les plus violentes qu’il ait connues depuis des décennies, un soulèvement populaire porté en grande partie par ses jeunes. Ce mouvement de protestation, né d’une frustration grandissante, a conduit à une situation inédite où la jeunesse négocie directement avec l’armée pour l’avenir du pays.
Les racines de la colère
Tout a commencé dans la capitale, Katmandou, lorsque le gouvernement a pris la décision de bloquer les réseaux sociaux. Cette mesure a été justifiée par le fait que plusieurs plateformes n’avaient pas respecté l’obligation de s’enregistrer au Népal. Ce blocage, perçu comme un acte d’oppression, a mis le feu aux poudres.
Les manifestations se sont rapidement intensifiées, entraînant un lourd bilan de plus de 30 morts et 1 300 blessés. En majorité, les manifestants sont issus de la génération Z, des jeunes âgés de 15 à 30 ans.
Le gouvernement cède, la jeunesse réclame plus
Face à l’ampleur du mouvement, le gouvernement a fait marche arrière en débloquant les réseaux sociaux, et le Premier ministre a démissionné. Cependant, la colère ne s’est pas apaisée. Les jeunes contestataires ont de nouvelles exigences : la dissolution du Parlement et l’instauration d’un gouvernement de transition dirigé par une figure intègre et respectée.
Leur choix s’est porté sur Sushila Karki une ancienne présidente de la Cour suprême. Jeudi, le chef de l’armée, Ashok Raj Sigdel s’est entretenu avec elle. Selon des sources de Reuters, Mme Karki a accepté de prendre la direction du pays par intérim, et des efforts sont en cours pour trouver une voie constitutionnelle à sa nomination.
Simultanément, le chef de l’armée a ouvert des négociations avec les jeunes leaders de la contestation pour discuter de l’avenir du pays et du rétablissement de l’ordre.
Saran Shrestha, 27 ans, un manifestant blessé le premier jour mais revenu pour continuer son action, estime que la voix des Népalais a été étouffée. Pour lui, le gouvernement a cherché à opprimer sa population en bloquant les plateformes.
Un autre jeune, Karan Kulung, 18 ans, qui avait perdu tout espoir d’avenir dans son pays, a retrouvé la foi grâce aux manifestations. « Maintenant, je veux rester au Népal et y construire mon avenir », confie-t-il, illustrant le nouvel élan insufflé par ce mouvement de jeunesse.