Photo de Simon Dawson/Bloomberg
La décision du Conseil constitutionnel ivoirien de rejeter les candidatures de Laurent Gbagbo et de Tidjane Thiam à l’élection présidentielle d’octobre prochain n’est pas un simple acte juridique. C’est un coup de tonnerre politique qui résonne lourdement sur la scène nationale, posant des questions fondamentales sur l’avenir de la démocratie en Côte d’Ivoire.
Certes, la justice a statué. Mais l’exclusion de ces deux figures majeures, qui représentent des pans entiers de l’électorat, ne peut être analysée en dehors du contexte politique brûlant du pays. Le rejet de la candidature de l’ancien président Laurent Gbagbo, dont le retour avait suscité à la fois l’espoir et l’inquiétude, ferme la porte à une confrontation directe qui aurait pu être soit explosive, soit cathartique. Pour ses partisans, c’est une injustice de plus.
Quant à Tidjane Thiam, nouvelle figure de l’opposition et président du parti historique PDCI-RDA, son exclusion est un revers majeur. Elle prive l’opposition d’un candidat à l’envergure internationale et au profil économique, capable de représenter une alternative crédible et de mobiliser un électorat lassé des éternelles rivalités. Sa mise à l’écart pourrait laisser un sentiment de gâchis, une occasion manquée de moderniser le débat politique.
Le résultat de cette décision est clair : la voie semble plus dégagée que jamais pour le président Alassane Ouattara. Le duel qui s’annonçait intense et potentiellement incertain se transforme en une course où l’opposition se retrouve fragmentée. La responsabilité de porter la voix des millions de déçus et des électeurs désireux de changement repose désormais sur les épaules de candidats comme Simone Gbagbo ou Jean Louis Billon.
La question est désormais de savoir si cette exclusion va pacifier ou, au contraire, radicaliser une partie de la population. L’histoire récente de la Côte d’Ivoire a montré que l’exclusion de figures politiques clés des processus électoraux peut alimenter la frustration et le boycott. Le véritable enjeu pour la démocratie ivoirienne ne sera pas seulement le résultat de l’élection d’octobre, mais la capacité du pays à prouver qu’il peut avancer vers l’apaisement sans laisser de côté une partie de son peuple.