À partir du 17 décembre 2025, la Finlande appliquera de nouvelles règles d’obtention de la citoyenneté. Autonomie financière, intégrité et identité vérifiée : ces critères renforcés traduisent une volonté politique de lier naturalisation et intégration sociale.
Une réforme en trois étapes
La Finlande réforme sa loi sur la citoyenneté (Citizenship Act) en trois phases successives :
- Phase 1 (1er octobre 2024) : allongement de la durée minimale de résidence exigée pour déposer une demande.
- Phase 2 (17 décembre 2025) : durcissement des critères de ressources financières, d’intégrité et d’établissement d’identité.
- Phase 3 (2026) : introduction d’un futur test de citoyenneté, actuellement en préparation par le ministère de l’Intérieur.
Ces changements s’inscrivent dans une dynamique plus large de “responsabilisation des candidats”, selon le gouvernement finlandais .(intermin.fi, migri.fi)
L’autonomie financière, nouveau pilier
Dès décembre 2025, les demandeurs devront prouver une stabilité économique suffisante.
Toute personne ayant perçu plus de trois mois d’allocations chômage ou d’aide sociale (toimeentulotuki) au cours des deux dernières années verra sa demande automatiquement rejetée.
Les revenus peuvent toutefois provenir de toute source légale emploi, entrepreneuriat ou revenus du conjoint à condition que le niveau de vie soit jugé “suffisant pour subvenir à ses besoins”.
Les allocations parentales, aides au logement ou bourses d’études ne seront pas concernées.
“L’objectif n’est pas d’exclure, mais de garantir que la naturalisation récompense une intégration durable et économiquement stable”, explique Hanna Pihkanen, spécialiste au ministère de l’Intérieur.
Intégrité et identité sous surveillance
La réforme renforce également la vérification des antécédents judiciaires.
Les personnes condamnées pour des infractions graves, y compris des crimes menaçant la sécurité nationale, devront attendre entre 1 et 8 ans avant d’être éligibles à la naturalisation.
Les candidats devront aussi prouver leur identité de manière fiable : un document de voyage national valide sera désormais exigé, en particulier pour ceux titulaires d’un alien’s passport (passeport d’étranger).
Enfin, les cas de fraude ou fausse déclaration pourront désormais entraîner le retrait de la citoyenneté finlandaise.
Des exceptions pour les plus vulnérables
Certaines catégories bénéficieront d’exemptions :
- Les personnes âgées de 65 ans et plus ne seront pas soumises à la condition de revenus.
- Les personnes handicapées ou atteintes de maladies invalidantes pourront obtenir des dérogations.
- Les enfants de moins de 18 ans et les conjoints de citoyens finlandais restent soumis à des critères simplifiés.
Impact et calendrier
Ces nouvelles dispositions ne concerneront que les demandes déposées à partir du 17 décembre 2025.
Les dossiers antérieurs seront examinés selon les règles actuellement en vigueur.
Le Service finlandais de l’immigration (Migri) précise que le délai moyen de traitement reste de 1 an et 3 mois pour 40 % des demandes, mais peut atteindre 2 ans et 7 mois dans les cas complexes.
En 2024, Migri a traité 14 112 demandes de citoyenneté, dont 82 % ont été approuvées.
Le service ne prévoit pas d’allongement significatif des délais à court terme, bien que des réductions budgétaires puissent affecter les effectifs en 2026.(Migri.fi, Yle News – All Points North podcast)
Un tournant pour la citoyenneté nordique
Ces réformes traduisent une évolution notable de la politique finlandaise : la citoyenneté n’est plus seulement une formalité administrative, mais une reconnaissance d’intégration sociale et économique.
Si le gouvernement met en avant la cohésion et la sécurité nationale, plusieurs associations d’aide aux migrants estiment que les nouvelles règles risquent d’exclure les personnes précaires ou temporairement sans emploi.
“Cette réforme place la barre plus haut, mais elle doit aussi être accompagnée de politiques d’inclusion”, souligne Mari Luukkonen, responsable des processus chez Migri.


